JANUSZ KORCZAK( 1878/9-1942) le pionnier juif polonais sur les droits de l'enfant conformément à la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant. Un séminaire est organisé chaque année pour mener une réflexion au tour de sa conception des droits des enfants.
Pour l'année 2014, le séminaire s'est inscrit dans l’esprit de l’article 2 de la convention internationale de droits de l’enfant, en son alinéa 2. Il a accueillis plusieurs associations et agences de Nations Unies pour une réflexion profonde sur l’éducation inclusive sans discrimination.
« 1. Les États parties s'engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou autre de l'enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation. 2. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour que l'enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille. » intégralité de l'article 2 de la CIDE.
Le programme d’appui à l’éducation que mettent en place EADEV-Save the Children dans la Province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo, s’inscrit également dans cette perspective, en vu d'apporter notre contribution à cet objectif noble du millénaire visant « l’éducation pour tous » et sans discrimination.
Invité par International Janusz Korczak et soutenu par l’Association Française Janusz Korczak, EADEV a été représenté par son président, M. Augustin VWALUMA pour une présentation sommaire de ses activités sur le terrain et ce, spécialement liées à son programme " d'appui à l'éducation scolaire et l'éducation à la citoyenneté.
- Brève présentation du contexte du programme
L’éducation en général étant un levier du développement,la thématique « Education » fait un champ de bataille de l’Association EADEV pour le développement des enfants.
En République Démocratique du Congo,l'éducation reste un secteur qui n’évolue pas en fonction de son importance malgré les progrès renseignés dans plusieurs rapports( ISSPOU-le rapport de la visite du Premier ministre congolais à Mascate ect.). La dernière enquête sur les enfants et adolescents en dehors de l’école, réalisée par l’Institut de science des populations de l’Université de Ouagadougou (ISSPOU), en appui de l’Unicef et de l’Unesco de 2012,démontre que le taux de scolarisation est passé de 38,5% des enfants non scolarisés en 2007 à 28,9% en 2012 pour les enfants en âge scolaire normale (5 à 17 ans). De cette évolution, 52,7% sont des enfants adolescentes filles non scolarisés, soit plus de la moitié. En outre, la même enquête renseigne que La proportion d’enfants non scolarisés est non seulement plus forte en milieu rural (33,4 %) qu’en milieu urbain (20,0 %), mais aussi dans les milieux où les conflits armés sont récurrents ainsi que dans les milieux en proximité des mines. A titre illustratif, le Nord-Kivu est placé en première proposition du taux élevé des enfants et adolescents non scolarisé soit 43,9 % suivi du Katanga (34,8 %). Plusieurs raisons peuvent expliquer ces phénomènes :
*Sociopolitique : Non application effective de la loi de la gratuité de l’école primaire des enfants, le manque d’infrastructures scolaires conséquentes, les conflits armés récurrents dans certaines régions.
*Socio économique: la pauvreté dans les ménages,l'utilisation des enfants dans des activités rémunératrices.
*Socioculturelle: la discrimination par ignorance dans la scolarité des enfants, les mariages précoces, le manque d’instruction des parents, etc.…
Ces phénomènes s’apparentent nettement aux réalités dans nos zones d’intervention dans le Nord-Kivu, où effectivement le taux des enfants non scolarisé est fort élevé.
- Notre action concrète sur terrain:
EADEV participe au programme national d’éducation depuis 2010 en partenariat avec Save the children International au N-Kivu, à travers un vaste projet dénommé « DUTCH CONSORTIUM FOR REHABILITATION,DCR », pour une duré de 5ans. Exécuté en zone de Lubero depuis 2010 en consortium de quatre organisations, Care international, Save the children international, Zoa et HealthNet TPO), le projet est axé sur 3 principaux objectifs ci-après:
1° Faciliter l’accès à l’éducation pour tous les enfants,
2° Améliorer les conditions de vie de base de la communauté,
3° Stimuler et contribuer à la bonne gouvernance dans des écoles.
Pour participer à l' atteinte de ces objectifs majeurs du projet, EADEV conduit un paquet d’activités, impliquant les communautés et les enfants, notamment, la réhabilitation ou la construction des écoles, l’alphabétisation et l’apprentissage au métiers générateurs des revenus, appui formative au comités de gestion des écoles pour une bonne gouvernance.
Outre l’appui à l’éducation scolaire,
EADEV mène de manière transversale les activités d’éducation à la citoyenneté, réalisées par les enfants eux-mêmes au sein de leur club dénommé« Mathias 1er ». Avec l’appui pédagogique et financier de Save the children et de l’Association
Française Janusz Korczak , cette structure représente un cadre, mis en place par les enfants qui
leurs permet de s’exprimer librement sur leurs droits à travers des émissions radio . Le droit à l’éducation sans discrimination, l’éducation à la paix, la prévention
et gestion de conflits par le dialogue, diverses dénonciations des abus dont
ils sont victimes à l’école, le manque du respect des adultes à leur égard font
essentiellement la chronique de la présentation des émissions.
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Le comité restreint du club Mathias en réunion dans l'enclos d'EADEV-Beni |
- Soutenir l’éducation inclusive sans discrimination dans notre programme
L’inexistence de la gratuité de l’école primaire des enfants et son caractère obligatoire, la détérioration des infrastructures scolaires dans certains villages éloignés de nos axes opérationnels ne facilitent pas l’accessibilité à l’école des enfants vivants dans ces endroits reculés. Sont là les questions adéquates à résoudre en amont, et qui sont la cause de cette moindre évolution dans le secteur.
Malgré notre mobilisation communautaire pour le retour sur le chemin de l’école des enfants, les plaidoyers menés par les enfants eux-mêmes à travers leur club dans des émissions radio, il est vraisemblablement que l’éducation pour tous reste un concept non encore très bien intégré dans le programme national d’éducation sur toute l’étendu de la République Démocratique du Congo.
L’éducation inclusive est un concept qui renforce l’esprit du 2ème article de la CIDE, en son alinéa 2, prônant le droit à l'éducation à tous les enfants quelque soit leur situation. Néanmoins, le concept semble encore très peu d’application au sein de certaines sociétés. Entre les sociétés développées et celles en voie de développement, nous pouvons noter malheureusement un décalage important dans la considération de la problématique. Dans les premières(sociétés développées), il se fait constater plusieurs barrières liées aux faits sociaux tels que, la différence culturelle, les injustices, l’hypocrisie ect. Par contre dans les deuxièmes sociétés, appelées en voie de développement, il s’explique par le manque de volonté politique de rendre obligatoire l’éducation scolaire primaire des enfants, la pauvreté dans les ménages, l'utilisation des enfants en âge scolaire dans les activités rémunératrices ect.
Ces inégalités sont souvent à l’origine d’une éducation non inclusive. Et pourtant, nous pensons que, « si l’éducation dévient effectivement inclusive, nous parviendrons à une société inclusive » sans inégalité de droits.
Comme nous le faisons à Lubero, au Nord-Kivu avec des classes de rattrapage(ALP) pour les enfants démunis, l’éducation inclusive traduirait une adaptation du système éducatif à l’environnement des enfants et non penser à le faire pour intégrer les enfants dans le système éducatif. Ce schéma faciliterait l’éducation pour tous sans aucune quelconque barrière. Ce qui rejoindrait ce que disait Janusz Korczak: « Pour changer le monde, il faut d’abord changer l’éducation ».
Dès lors, une bonne enfance peut se construire sur base d' une bonne éducation scolaire et familiale pour construire des adultes responsables. Tel est la vision profonde de notre action.
Genève, le 31 mai 2014
Augustin VWALUMA
EADEV-DR.Congo
Liens utiles:(1) http://www.unicef.org/drcongo/french/media_6380.html